Antoine Vincenot, directeur UNISO France : « Recycler nos déchets pour isoler nos maisons, c’est du bon sens ! »
Alors que les enjeux environnementaux s’imposent dans tous les secteurs, le groupe Myral, industriel qui conçoit et fabrique les panneaux Uniso, a engagé une démarche ambitieuse de décarbonation de ses produits. Grâce à l’intégration de matières premières issues du recyclage (aluminium, plastique, PVC), il propose désormais une solution d’isolation thermique par l’extérieur écosourcée. Une avancée concrète et mesurable, portée sur le territoire français par les entreprises du réseau UNISO France. Entretien croisé avec Julien Bagnard, directeur de Myral, et Antoine Vincenot, directeur d’UNISO France.
Julien, comment est née la prise de conscience environnementale qui a conduit Myral à revoir profondément ses pratiques ?
Julien Bagnard : Tout est parti d’une interrogation personnelle. Je suis tombé sur les rapports du GIEC, et je me suis demandé ce que signifiait réellement ce fameux +2 °C de réchauffement climatique. À première vue, ce n’est pas grand-chose. Mais quand on creuse, on découvre que cela n’est pas anodin : à l’échelle planétaire, ce sont des bouleversements majeurs. On parle de montée des eaux, de sécheresses, de migrations climatiques… Et moi, comme beaucoup, j’ai des enfants. Alors je me suis demandé quel monde on allait leur laisser.
Ce choc personnel s’est prolongé dans l’entreprise. On s’est dit : « OK, on est dans le secteur du bâtiment, deuxième plus gros émetteur de CO₂ en France. Qu’est-ce qu’on peut faire, à notre échelle, pour réduire notre impact ? » De là est né notre engagement. On a décidé de lancer une démarche de fond, sincère, mesurée, sur plusieurs années, qu’on a appelée le plan Myral Neutral.ITE 2025.
Quel a été le point de départ concret de ce plan ? Et quels résultats avez-vous obtenus aujourd’hui ?
Julien Bagnard : On a commencé par faire une analyse de cycle de vie de nos panneaux. Cela nous a permis d’identifier précisément ce qui générait le plus d’impact carbone dans notre chaîne de production. Et là, surprise : ce n’était pas notre usine, ni nos transports, mais nos matières premières, à hauteur de 90 % de notre empreinte. Principalement l’aluminium, la mousse isolante et le PVC.
À partir de là, on a agi. On a remplacé l’aluminium classique par un aluminium recyclé bas carbone, issu de déchets européens comme les canettes, les boîtes de conserve ou les anciens profilés. On a remplacé une partie des composants de la mousse isolante par des polyols fabriqués à partir de bouteilles plastiques recyclées. Et enfin, on a intégré du PVC issu du recyclage de vieilles menuiseries.
En trois ans, on a divisé par deux l’empreinte carbone de nos panneaux ! Aujourd’hui, nous sommes parmi les cinq systèmes les plus décarbonés du marché européen de l’ITE (isolation thermique par l’extérieur), et très probablement les premiers dans notre catégorie (vêture).
Antoine, pourquoi était-il important pour UNISO France de relayer cette démarche auprès de son réseau ?
Antoine Vincenot : Parce que c’est une avancée réelle, porteuse de sens, et qu’elle s’inscrit dans une dynamique que de plus en plus de Français attendent : consommer mieux, plus local, plus durable. Nos entreprises sont sur le terrain, au contact des particuliers, et ce sont elles qui font vivre la solution Uniso. Il était donc essentiel qu’elles puissent comprendre cette démarche, se l’approprier et la relayer.
Ce n’est pas une “couche de vernis marketing”, c’est une réalité industrielle et technique solide. Et pour nos clients, c’est une source de réassurance. Ils voient que derrière leur façade, il y a une entreprise française, un vrai savoir-faire, et un engagement concret pour l’environnement. C’est un facteur différenciant puissant.
Canette, bouteille, fenêtre PVC : les déchets utilisés comme matière première dans la fabrication des panneaux Uniso
« Dans certains secteurs (côte atlantique, sud, Alpes…), des clients nous demandent si nos matériaux sont recyclables »
Quels sont les changements concrets apportés à la solution Uniso grâce à cette démarche écosourcée ?
Julien Bagnard : Le produit conserve son apparence et ses performances – mais il change profondément par ce qu’il contient. Aujourd’hui, chaque mètre carré de panneau Uniso intègre en moyenne : 10 canettes en aluminium recyclé pour les parements extérieurs, 5 bouteilles plastiques recyclées dans le cœur isolant, et l’équivalent d’une fenêtre PVC tous les 50 m² dans les rives.
Cela signifie qu’on ne va plus extraire des ressources vierges à l’autre bout du monde : on valorise des déchets du quotidien, collectés localement, et on leur donne une seconde vie utile et durable.
Antoine Vincenot : Et tout cela sans compromis. Mieux : les performances thermiques sont améliorées, la résistance au feu est confirmée, et toutes les certifications ont été mises à jour. Pour le réseau, c’est simple : même produit, même pose, mais avec un sens bien plus fort à proposer.
Antoine, ressentez-vous une évolution dans les attentes des clients ou les questions qu’ils posent ?
Antoine Vincenot : Clairement, oui. Il y a encore peu, les questions tournaient essentiellement autour du confort, du prix ou des aides financières. Aujourd’hui dans certains secteurs comme la côte atlantique, le sud, voir même les Alpes, des clients nous demandent si nos matériaux sont recyclables, où sont fabriqués nos panneaux, ou encore s’ils contiennent du plastique ou du pétrole. Ils veulent aussi comparer l’impact avec d’autres solutions.
Ce n’est pas encore une majorité, mais c’est en forte progression. Et ce sont souvent des clients prescripteurs : ceux qui vont recommander notre solution autour d’eux. Il est donc essentiel qu’on puisse leur répondre de façon claire, transparente et rassurante.
« Sur vos 100 m² de façade, vous valorisez environ 1000 canettes, 500 bouteilles plastiques et deux vieilles fenêtres PVC »
Quels sont les arguments simples à partager avec un particulier pour expliquer cette démarche ?
Julien Bagnard : Je dirais qu’il faut parler de bon sens. On vit dans un monde saturé de déchets. Alors plutôt que de les laisser polluer nos sols ou nos océans, on les récupère, on les transforme, et on en fait des matériaux durables. À la place d’une canette qui aurait duré 10 minutes, on a une façade qui dure 50 ans. À la place d’une bouteille plastique, un isolant ultra-performant.
Antoine Vincenot : C’est un argument concret. Et nous, on pousse plus loin encore en disant au client : « Sur vos 100 m² de façade, vous valorisez environ 1000 canettes, 500 bouteilles plastiques et deux vieilles fenêtres PVC. » C’est chiffré, c’est tangible, c’est valorisant. Et pour ceux qui sont sensibles, c’est un déclencheur.
Quel rôle UNISO France peut-il jouer dans la transition écologique du bâtiment ?
Antoine Vincenot : On a une mission importante : porter un message positif et concret. La rénovation énergétique, c’est un des leviers majeurs pour réduire les émissions de CO₂ du bâtiment. Et nous, avec la solution Uniso, on a un système qui combine performance thermique, durabilité, esthétique… et désormais engagement environnemental fort.
Julien Bagnard : Exactement. Le réseau Uniso, c’est une force collective sur tout le territoire. Grâce à lui, on peut massifier l’utilisation de matériaux écosourcés dans la rénovation. On montre que le recyclage, l’économie circulaire, ce ne sont pas que des mots. Ce sont des actes, des chantiers, des maisons isolées. Et à terme, c’est un changement de modèle pour tout un secteur.
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